La dernière allumette de Marie Vareille – Avis lecture – Un roman nécessaire !

Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « La dernière allumette » écrit par Marie Vareille, parut en 2024 aux éditions Charleston.  Finaliste Prix maison de la presse ! Prix audiolib 2024.

🔖Un roman important, nécessaire, marquant. 🖤

Comment se construire après la violence?

📖L’histoire :

Abigaëlle, vit recluse dans un couvent, depuis plus de 20 ans. Pourquoi cet isolement brutal ? Elle porte en elle les cicatrices d’un passé douloureux qu’elle a en grande partie oublié. De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, à la brillante carrière d’artiste Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…

🌹Mon avis :

Dès les premieres pages, j’ai été accroché, ou plutôt mon coeur a été pris en otage 🥺. Le résumé laisse planer le mystère sur l’histoire bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Les sujets évoqués sont durs, comme les violences conjugales et leurs conséquences sur les enfants. La relation entre Abi et son frère est vraiment émouvante. Les thèmes sont bien retranscrits, avec finesse et bienveillance.

Vers le milieu du roman j’ai eu peur que l’intrigue n’évolue pas.. Puis bam! Explosion, le choc. Retournement de situation. Ou plutôt retournement de cerveau avec une révélation qui change tout ce qu’on croyait.

Un scénario brillamment réussi. La construction du récit est une alternance entre le point de vue d’Abigaelle au sein du couvent, le journal qu’elle a écrit petite (Parties peut être les plus déchirantes. De la violence sourde enrobé comme des bonbons innocents tels des mots d’enfants 🥺) la vie de son frère, ainsi que des séances chez un psy.

La lecture est fluide, aussi douce que frappante, avec une écriture à la fois légère et délicate, qui permet d’appréhender un sujet grave tout en étant accessible.

✨J’espère que ce livre pourra libérer des voix, faire prendre conscience pour voir les signes à temps car ils sont tellement subtils que ça fait froid dans le dos de se dire que ça peut arriver à nos voisins, entourage proche ou lointain, à cette personne que l’on croise. On ne sait jamais ce qui se cache derrière un simple mur ou le masque d’un sourire.

Un roman sensible et saisissant ❤️

💬Avez vous lu ce livre  ?

Meilleurs extraits et citations de "La dernière allumette" :

« – Est-ce qu’on peut vraiment guérir de son enfance? Vous savez, pour Zoé, par exemple, j’ai l’impression que l’enfance, c’est un système immunitaire contre la souffrance, une espèce de réserve d’amour et d’insouciance qui lui donne la confiance et la force nécessaires pour affronter l’âge adulte avec sérénité…
– Et pour toi ?
Il hausse les épaules
– Les gens comme moi, ils reviennent de l’enfance aussi détruits que s’ils revenaient de la guerre. On devrait être contents d’en être sortis vivants, et c’est vrai, il y a des moments où ça va, où on est presque heureux. Mais certains jours, les séquelles sont tellement lourdes à porter qu’on regrette de ne pas être mort au combat avec ceux qui ne sont pas revenus. »
 
« Ce qui est bien avec les belles histoires, c’est qu’elles recouvrent de beauté les choses moches, comme un papier cadeau doré autour d’une grosse crotte de chien. Et après, on peut faire semblant de croire qu’à l’intérieur, il y a un super cadeau. »
 
« Le tatouage sur son bras, « trois sur quatre », lui rappelait chaque jour les statistiques lues dans des journaux : trois enfants sur quatre nés dans un foyer violent deviennent soit bourreaux, soit victimes de violences. Et il savait bien que son sexe le prédestinait à finir dans le camp des agresseurs plutôt que dans celui des victimes. »
 
« C’est bizarre, non ? C’est lui qui la frappe, lui qui l’insulte, et pourtant c’est elle qui s’excuse… »
 
« Je suis tombée à la renverse dans le ciel.
Je suis bercée par l’océan de toute l’humanité du monde.
Je baigne dans le bleu tiède de l’infini.
Dans mon dos, le froissement des nuages. Dans ma tête, le calme la douceur.
Je ferme les yeux. Je déploie mes ailes. Je suis le soleil. Je suis la nuit et je jour. Je suis la joie et l’amour. »
 
« Personne ne se souviendra de moi.
Je ne changerai pas le monde.
Je suis comme les autres. Je ne suis qu’un tout petit maillon, ma vie n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan qu’est l’histoire de l’humanité, aussi fragile et éphémère que la lumière fugitive d’une allumette qu’on craque et qui s’éteint. Je n’ai qu’un seul pouvoir : choisir de tourner le dos, de détourner les yeux ou choisir de tendre la main et faire un geste d’amour. »
 
« On n’apprend pas aux filles à préserver leur liberté. On nous apprend au contraire que c’est important de faire des efforts si on veut qu’un couple dure et que le succès d’un couple est déterminé par sa longévité. Alors, on les fait, ces efforts, on tolère les fautes de l’autre, aussi graves soient-elles, parce qu’on nous a appris que c’était beau de se sacrifier par amour, pour les enfants, au nom de l’idéal d’une famille unie… »
 

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