Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « Feux dans la plaine » écrit par Olivier Ciechelski, parut en septembre 2023 aux éditions du Rouergue et en Livre audio en 2024. Je remercie Audiolib et Netgalley pour ce service presse.
Une traque haletante en pleine montagne.
📖L’histoire :
Stanislas Kosinski est un ancien militaire. Au Mali où il a servi, il a vu mourir la femme qu’il aimait. Retiré de l’armée, il a acheté un chalet et soixante hectares de maquis et de ravins, un lieu où personne ne viendrait troubler son besoin de silence. Son temps désormais se partage entre les travaux de réparation de sa maison, l’entretien d’un potager et l’observation des plantes et des animaux qui peuplent cette montagne. Sauf qu’un jour, Stan découvre qu’on a balisé en bleu un chemin sur son terrain. Au même moment, une bergère, Mathilde, s’installe dans une caravane à proximité avec un grand troupeau. Alors qu’un conflit larvé s’est noué avec des chasseurs qui empiètent sur son espace, Stan voit un soir débarquer chez lui un groupe d’hommes armés.
🌻Mon avis :
J’ai aimé suivre le véritable périple improvisé et sous tension auquel Stan va faire face, avec quelques rares rencontres dont on ne sait pas qui sont les plus dangereux entre les bêtes et les humains. La construction du récit est découpée en plusieurs paliers du niveau d’altitude. Délaissant peu à peu toute humanité au fil de la montée, le temps s’étiole et il se retrouve errant tel un ermite dans une nature aussi menaçante que riche en ressource…
La lecture fut agréable avec une écriture très immersive. Malgré tout, il m’a manqué plus d’attachement envers le personnage principal. Peut être due à la narration à la troisième personne qui laisse une certaine distance. Pourtant son histoire personnelle avec la perte de sa femme serait très touchante. J’ai apprécié sa personnalité tel un ours effrayant en apparence mais pas si agressif, avec des valeurs humaines qu’il essaie de garder malgré son tempérament solitaire. Même si bien-sûr son état de vigilance extrême, de peur, presque jusqu’à la paranoïa va le pousser à commettre l’irréparable…. Et s’engouffrer encore plus dans les méandres de l’âme humaine.
L’écriture est vraiment belle, tout en finesse, nous immergeant dans les moindres détails du décor. Les conditions climatiques, les odeurs, les sons, tous les sens sont en éveil. Âme sensible s’abstenir sur certaines scènes de survie brute et sanguinolente. La beauté de l’environnement contraste avec la violence inconsidérée des Hommes. L’odeur des pins se mêle à l’odeur du sang.
En livre audio l’écoute se fait avec avidité. Taric Mehani a vraiment une voix qui correspond tout à fait au personnage et à l’ambiance sauvage.
Une fin plutôt inattendue et saisissante !
Ce roman noir de nature writing mêlant temps de contemplation et des moments d’actions intenses saura tout autant ravir les fans de Rambo que de Giono.
💬L’avez vous lu ? il vous tente ?
#Feuxdanslaplaine #NetGalleyFrance
Meilleurs extraits et citations de "Feux dans la plaine" :
« L’inquiétude était devenue l’essence même de son rapport au monde. Alors il demeurait dans le silence et il ne pensait à rien d’autre, il observait sans bouger la bête qui vivait en lui. Aussi loin qu’il se souvienne, bien avant Nedjma et même avant la mort de sa mère, le silence et la nuit révélaient l’existence de quelque chose de sombre qui semblait respirer en lui. Comme une bête tapie dans l’ombre d’une caverne pour hiberner ou un serpent dans sa tanière. C’était une tristesse profonde et insondable; qui pouvait le laisser en paix pendant plusieurs jours et soudain lui serrer la gorge à la faveur d’une nuit sans lune, sans étoiles. Avec le temps il s’était habitué à cette présence, il savait qu’elle était là, il vivait avec, elle faisait partie de lui et il savait qu’elle serait toujours là, qu’il serait vain de vouloir se débarrasser d’elle. »
« Plus personne ne disparaît à présent, pas volontairement en tout cas, c’était d’une tristesse presque comique, tous ces disparus volontaires qu’on finit toujours par retrouver et tous ces disparus que l’on cherche qui voudraient qu’on les trouve ou qui ne veulent rien du tout parce qu’ils sont morts, qu’on ne retrouve jamais. »
« Renard qui vit ta vie de renard, trouvant ton chemin parmi les traces que toi seul sais lire. Tu arpentes un territoire dont toi seul connais les limites. Tu t’orientes dans l’épaisseur du monde grâce à la mystérieuse arithmétique des sensations. Tu es le récepteur hypersensible de tout ce qui vibre et vit autour de toi. Tu es la langue du serpent et la feuille de l’ortie, à l’affût de la plus infime oscillation de l’existence et voilà que deux tonnes de métal froid te foncent dessus. »
« Ainsi, sur cette colline, il avait trouvé non seulement la solitude, mais la solitude qui lui fallait, une solitude à sa mesure comme on finit par trouver un outil à sa main, comme si il avait été façonné par le corps de celui qui le possède. Une solitude que la position de la colline dominant le village et la vallée, dominant même les nuages à l’occasion, rendait encore plus satisfaisante. Stan y retrouvait en partie son goût d’enfant pour les châteaux forts et les citadelles suspendues. »
« C’était ça : du bleu .
Il y avait d’abord eu la sensation vague d’une anomalie. Il s’était arrêté. Il avait écouté. N’avait rien entendu d’autre que le roulement de la rivière en contrebas ,presque imperceptible en cette saison, et le chuchotis du vent dans les cimes des résineux. Il avait jeté un regard circulaire autour de lui, sur le sol semé d’aiguilles et de pierres blanches ,sur l’anarchie familière des genêts ,des buis et des genévriers ,et la brume tiède et rosâtre qui brouillait ,juste en face ,la colline de Villedieu »
« si les films allaient si vite – mais aussi les publicités, les vidéos sur Internet, c’était pour que les gens n’aient pas le temps de penser à leur propre existence. »
» Il faut dire qu’en montagne la nuit ne tombe pas : elle monte des vallons et des bois, alors même que les sommets brillent comme des flambeaux »
» Le spectacle du troupeau l’apaisait. C’était comme regarder une rivière ou un feu de bois. Les sonnailles, dont le tintement régulier évoquait celui des ralingues sur les mâts dans un port à l’approche d’un grain, contribuaient à l’hypnose légère dans laquelle la scène le plongeait. »
« Repartir. Ne plus être là. Trouver un autre endroit peut-être, une autre solitude. Ne plus être vu. S’évanouir dans la nature. Il n’était pas le bienvenue ici. Il avait cru pouvoir vivre là sans jouer le jeu de la communauté humaine. Mais la communauté humaine ne voulait pas cela et il ne serait plus jamais en paix. La violence l’avait retrouvé, il l’avait endossée comme un vieux vêtement confortable. Elle était revenue comme un geste qu’on a fait mille fois, comme la poignée de porte qu’on trouve dans le noir, comme l’outil connaît la main, comme la main connaît l’arme, l’arme qui parfois devance le geste et cherche la main. »
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