Avis lecture : Un abri de fortune de Agnès Ledig

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Lire les romans d’Agnès Ledig, c’est comme se blottir dans un plaid chaud en plein hiver, comme si elle venait nous bercer dans ses bras et nous emmener avec elle dans une nature réconfortante. 

L‘histoire :

Au coeur de la forêt vosgienne, on retrouve Adrien et Capucine de « la toute petite reine  » qui ont créé le refuge des Censes perdus. Une ferme avec laquelle ils visent l’autosuffisance même si il y a du travail encore. Ils accueillent trois âmes brisées par la vie : Rémy, se remettant d’un geste irréparable, Clémence, fragile comme un moineau, Karine, camouflant la misère sous sa légèreté. 

Il y a aussi Jean qui malgré son grand âge se déplace chaque jour sur son banc pour observer d’un oeil bienveillant l’évolution des nouveaux venus. Ces pensées, ses paroles, son histoire en font un personnage particulièrement touchant. 

On apprend à connaître l’ histoire de ces trois écorchés vif au fil du roman, on comprend petit à petit leurs blessures, leurs secrets, quand ils osent enfin en parler. Ce point de bascule dans leur vie qui les ont conduits bien bas. Et leur lente reconstruction au contact de la nature, en créant des liens entre eux malgré leurs différences. En travaillant la terre, s’occupant des animaux, du potager… Se surpasser. (Se) découvrir. Reprendre confiance en soi, en la vie. Malgré le passé qui tente de ressurgir parfois. 

Il y a aussi toute une intrigue après une étrange découverte dans le sol de la forêt. Un mystère et une enquête qui ajoutent du suspense à la lecture et captive jusqu’à la fin. 

Ce que j’en pense : 

Agnès Ledig a toujours cette écriture douce, bienveillante, poétique qui font de ces romans des petits bijoux agréable à lire. J’aurais aimé être avec eux dans ce lieu refuge où la vie reprend, se créer, se transforme. On s’y sent bien. Même si tout n’est pas si « simple ». Il y est décrit autant toute les beautés de cette vie à la ferme que toute les difficultés auxquelles il faut faire face, tout le travail que cela demande, les imprévus dus au changement climatique… 

C’était également très intéressant d’apprendre une partie de l’histoire des résistants des Vosges pendant la Seconde guerre mondiale. 

J’ai particulièrement aimé l’histoire de la sage femme sorcière.. 

Agnès Ledig fait beaucoup passer de messages sur l’importance de la protection de la planète, on sent que ces sujets lui sont chers. 

A travers ce beau roman, Agnès Ledig nous invite à prendre le temps de se ressourcer au coeur du vivant, à protéger cette nature qui peut nous procurer tant de bien. 

Une de mes meilleures lectures de 2023.

Et vous, qu’en avez vous pensez ? Vous tente t’il ?

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Extraits , citations du roman « Un abri de fortune ».

Il confie aux fleurs et aux feuilles immenses ses funestes pensées et sa colère. Les plantes n’ont qu’à onduler dans le vent pour les dissiper. Ce jardin est un filtre qui transforme le noir en couleur. Il vous happe, vous donne envie de danser dans les allées, vous bouscule, vous perd et vous retrouve, vous envoie dans la mousse et le long des ruisseaux, vous caresse la peau, vous prend par la main, vous ouvre les yeux sur le merveilleux et vous relâche à la sortie, lavé de vos émotions les plus tristes.

Denis regarde sa patiente lui sourire. Elle n’a jamais cessé de le faire, même aux pires moments. Parfois, elle rit en pleurant à chaudes larmes. Le jour et la nuit sur le même paysage. Cacher les fissures sous une fine couche de joie feinte sans pour autant les reboucher. La misère sous la tapisserie.

 

Elle est fascinée par ce que le vivant apporte à l’humanité. Sidérée par l’ignorance de cette dernière à l’égard de ce qui l’entoure.

 

Leur chaos à eux, qu’ils sont venus ranger ici, entre les fleurs et les nuages. Et maintenant celui des autres. Des chaos différents. Mais quel que soit le tas de peurs, de peines, de souffrances, la façon de ranger est sensiblement la même.

 

Il rêve de l’odeur d’une pluie d’orage sur un sol brûlant, d’un lever de soleil sur une colline endormie, de toucher un arbre, qu’il ait cent ans ou deux seulement, de s’égratigner contre l’écorce, de regarder les feuilles tomber puis d’autres repousser au printemps suivant. Il rêve de tout ce qui raconte les recommencements. Les cerisiers en fleur qui annoncent le printemps, les agneaux dans les champs qui tapent dans les pis de leur mère pour grandir goulûment, les colchiques à l’automne qui font oublier l’été brûlant, les rentrées littéraires, le réveillon de Noël.

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