Eden de Monica Sabolo, la puissance féminine sauvage ! – Avis lecture

Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « Eden » écrit par la romancière Française Monica Sabolo, parut le 22 aout 2019 aux éditions Gallimard et en Livre de Poche en  2020.

Puissant. Énigmatique. Sombre. Envoûtant. ✨

📖L’histoire :

«Un esprit de la forêt. Voilà ce qu’elle avait vu. Elle le répéterait, encore et encore, à tous ceux qui l’interrogeaient, au père de Lucy, avec son pantalon froissé et sa chemise sale, à la police, aux habitants de la réserve, elle dirait toujours les mêmes mots, lèvres serrées, menton buté. Quand on lui demandait, avec douceur, puis d’une voix de plus en plus tendue, pressante, s’il ne s’agissait pas plutôt de Lucy – Lucy, quinze ans, blonde, un mètre soixante-cinq, short en jean, disparue depuis deux jours –, quand on lui demandait si elle n’avait pas vu Lucy, elle répondait en secouant la tête : « Non, non, c’était un esprit, l’esprit de la forêt. »»

Dans une région reculée du monde, à la lisière d’une forêt menacée de destruction, grandit Nita, qui rêve d’ailleurs. Jusqu’au jour où elle croise Lucy, une jeune fille venue de la ville. Solitaire, aimantant malgré elle les garçons du lycée, celle-ci s’aventure dans les bois et y découvre des choses, des choses dangereuses…

🌻Mon avis :

🍃J’ai été emporté par cette écriture qui chante aux oreilles, poétique, à fleur de peau. Une histoire singulière porté par un instinct sauvage, une furieuse envie, comme une soif de justice et de vengeance féminine qui emporte tout. Une écriture comme une transe avec les esprits de la forêt, un récit parsemé de légendes.🦉

Dans ce roman, réel et invisible se confondent, l’ambiance est mystérieuse, pourquoi tant de drames ? De disparition ? Une menace rode comme la révolte au coeur des violences de l’homme. L’Homme au sens large, mais il y a aussi ici la domination et les dérives masculine qui est mise en évidence (trop pour être subtil?)

Malgré tout, j’ai plus été enchantée par l’écriture et l’atmosphère que par l’histoire en elle même, qui évoque le passage à l’âge adulte, les personnages étant surtout adolescents.

🌲Ce roman comme un conte sombre et engagé porte des sujets comme la déforestation et les peuples amérindiens avec force et sensibilité.


Ici les femmes révèlent leur part sauvage pour se battre pour leur terre et leur vie.🔥

 

💬L’avez vous lu ?
🌸Quelle est votre préféré de cette autrice ?

Meilleurs extraits et citations de "Eden" :

« Peut-être avait-elle le même sentiment stupide d’invincibilité. Peut-être que rien ne ressemble plus à la mort que l’instant où l’on s’apprête à naître. »
 
« La vie est violente, nous sommes des proies ou des prédateurs, ou plutôt, nous sommes les deux à la fois, chacun notre tour. »
 
« (…) courir sans aller nulle part, juste pour être ensemble, parce qu’il n’y a rien à faire, ici, rien d’autre que courir jusqu’à devenir le vent, la nuit, et l’univers tout entier ? Que l’on puisse courir, pour éprouver ses muscles, sentir sa force, sa puissance, alors même que le jour on n’est rien, on n’a aucun avenir – que l’on puisse courir pour l’ivresse, la classe, le combat, et non pas pour s’enfuir ? »
 
« Que savons-nous des êtres qui sont partis ? Que savons-vous de leurs pensées, de leurs peines ? Peut-être volent-elles vers nous, cherchant à nous atteindre ? Peut-être sont-ils juste là, à côté de nous. Ils nous parlent, ils approchent leurs visages, ils nous enlacent, et peut-être prononçons-nous les mots que nous n’avons pas osé leur dire, que nous tenons prisonniers dans nos coeurs mais qui la nuit nous échappent, se déversant dans leur coeur. Peut-être la nuit est-elle traversée de nos émotions les plus secrètes, qu’elles se percutent, qu’elles s’embrassent. Peut-être que notre courage, nos espoirs, nos fois absurdes, proviennent des phrases que l’on nous a murmurées dans l’obscurité, de cette douceur dont il ne reste, au matin, qu’une pulsation, juste une envie de vivre. »
 
« Je ferai le siège de ceux qui ignorent la nécessité du refuge, de la frontière, de l’ombre. Je serai la gardienne du monde obscur des forêts. Je veillerai sur lui, je me dresserai sur le chemin de ceux qui veulent le détruire. Je me tiendrai debout, minuscule sur la route, dressant des barrages dérisoires. Je serai là, à la lisière entre le chaos et le silence, je chercherai le secret caché derrière le paysage, à l’origine. »
 
« Je voulais du vide, du ciel, je voulais du béton et du bruit. Je voulais un avenir. On disait que ceux qui s’en allaient abandonnaient une partie d’eux-mêmes, que leur âme restait là. Je voulais tout laisser derrière moi. La nuit, dans mes rêves, des inconnus s’approchaient, et je leur ouvrais les bras, sans savoir s’ils voulaient m’embrasser ou me tuer. Mon corps subissait des transformations mystérieuses, de sombres désirs. C’était en moi que grondait la vie sauvage, désormais. »
 
 
 

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