Avis lecture : Buveurs de vent de Franck Bouysse

Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « Buveur de vent » de l’écrivain français Franck Bouysse publié chez les éditions albin michel en 2020 et qui a reçu le Prix Jean Giono cette même année.

🌾 Une sombre fresque familiale et sociale à l’ambiance saisissante.😳

📖L’histoire :

Ils sont quatre frères et sœur, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes.
Marc, qui ne cesse de lire en cachette. Mathieu, qui entend penser les arbres. Mabel, à la beauté sauvage. Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux animaux et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs.
Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid.
Ce système social paraît inébranlable jusqu’à qu’une série d’événements dramatiques viennent remettre en cause le semblant de paix de la vallée.

✒️Mon avis :

Buveurs de vent est le premier roman que je lis de Franck Bouysse. Et c’est plutôt une belle découverte.

La plume est magnifique. J’aime beaucoup son écriture, poétique et ciselée, à l’allure d’un conte, très noir.

En effet c’est beaucoup plus sombre que je ne l’aurais pensé, quelques scènes m’ont même déconcerté..

Au delà de cette belle fratrie solidaire, c’est toute la famille et des figures emblématiques de cette vallée qui sont décrites alternativement.

Il y a un certain contraste à cette noirceur, entre ce peuple vivant docilement sous la tyrannie, et les enfants qui trouvent leurs rares bonheurs dans leurs jeux, l’imagination et leurs rêves… Bien nécessaire pour braver le silence et la violence d’un père et d’une mère religieusement excessive.

Les divers changements de point de vue entre les nombreux personnages, ont fait qu’il est difficile de bien s’y s’attacher. Malgré la singularité de certains qui m’ont plu. J’ai apprécié la psychologie travaillée et l’environnement naturel que l’auteur a su décrire avec poésie.

C’est un récit qui prend du temps pour nous atteindre par son émotion assez étrange à identifier mais très plaisant à lire par sa qualité stylistique.

J’ai d’autres romans de cet auteur dans ma PAL dont j’ai hâte de lire pour la plume si particulière.

💬Avez vous lu un roman de Franck Bouysse ?

Meilleurs extraits et citations de Buveurs de vent :

« Malgré leurs différences évidentes, (…) ils se retrouvaient dans la solitude partagée que seule peut procurer la lecture d’un livre. »

« La chair est partout, englobe tout. Le cœur est un trompe-l’oeil, une approximation, rien de plus qu’une pompe vitale, un mécanisme plus ou moins bien réglé, parfois défaillant. On ne sait d’ailleurs pas bien le situer, un peu plus à droite, un peu plus à gauche. Les chairs, elles, se mélangent. Les cœurs restent à distance. Ne peuvent se toucher. Des arpents de sable séparés d’une frontière gardée par un chien de l’enfer. Le cœur est enfermé, pas la chair. La chair est libre, volatile, volage. Les chairs se nourrissent, s’épaississent au contact d’autres chairs. Elles se rêvent à nu, à vif, et ainsi déchirées rendent le monde plus acceptable, comme une blessure exsangue échappant à la suture, une plaie sans cesse ravivée par l’air vit et piquant des désirs, la nuit comme le jour. Les chairs implorent le tranchant des caresses. Il n’existe pas de mot pour définir l’espace où elles se déploient, la vaste plaine que chacun peut fouler sans souci de la morale. Le cœur est un vieux sage ennuyeux. La chair est un dieu endiablé. »

« On embrasse, on acclimate, on déraisonne, on raccommode, on s’accommode, on marchande, on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l’on peut, et on finit par croire que l’on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s’écoule d’un point à un autre, de la naissance à la mort. Ce n’est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s’éloigner du cœur qu’est l’enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n’y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d’une réalité évanouie, car seules ces ombres nous guident sur cette terre. »

« Ils s’assirent sous la vaste paupière maçonnée, serrés les uns contre les autres, dessinant à eux quatre l’iris de l’oeil d’un cyclope inscrit dans la pupille laiteuse du ciel, toujours en leur royaume, échappant ainsi à une destinée cartographiée de longue date par les adultes. Ils inspiraient fort et buvaient le vent qui montait de la vallée, le recrachant en relents de tempête sous leurs crânes d’enfants. »

« Les illusions n’avaient pas plus cours en ville que partout ailleurs dans la vallée. Chaque génération sacrifiait la suivante sur l’autel de la déesse fileuse, car proposer une vie meilleure aurait été considéré comme un acte de haute trahison envers la bête. Continuer, transmettre la soumission et la peur, démembrer les rêves entrevus dans l’enfance, représentait le seul projet des adultes. Surtout ne jamais croire aux rêves, ne pas même les respecter, avec le sentiment chevillé que, sinon, ce serait leur plus grande défaite. »

« De minuscules coeurs se baladaient un peu partout sous leur peau, tel un troupeau affolé galopant en tous sens, ivres d’une délicieuse panique, et un même sourire irradiait leurs visages. »

« Dans la forêt, la source de la vie était précisément la mort de tout. Elle se nommait humus, un lit dans lequel naissaient d’innombrables racines, s’enfonçant, chevauchant, butant, contournant, perforant; un lit dans lequel vadrouillaient les formes primales, disparaissant en profondeur, au fur et à mesure que l’oxygène venait manquer; un lit dans lequel la méticuleuse et opiniâtre décomposition de la mort conduisait à la vie: un lit dans lequel se réveiller et s’endormir. »

 

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