Et toujours les forêts de Sandrine Collette – Coup de coeur ! – Avis lecture

Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « Et toujours les forêts » écrit par la romancière Française Sandrine Collette et parut le 2 janvier 2020 aux éditions Jean-Claude Lattès. Ce roman a reçu le grand prix RTL-Lire, le prix de la Closerie des Lilas, le prix Amerigo-Vespucc et le prix du Livre France Bleu – Page des Libraires.

SAISISSANT. Un grand roman post apocalyptique.

📖L’histoire :
Corentin, personne n’en voulait. De foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.
À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps. Quelque chose se prépare.
La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.

🌻Mon avis :
Un roman lu à en perdre haleine. Suffocant d’espoir et de peurs. Glaçant de réalisme.

Dès le début, la plume est fluide et percutante, de courtes phrases à vif, le ton est donné. La naissance de Corentin comme son existence sera parsemé de chaos silencieux.

J’ai adoré le style d’écriture de l’auteure que je découvre avec ce roman. J’ai été embarqué dans cette histoire, pourtant très dure et amenant tellement d’inquiétudes pour notre avenir, car la réalité du monde n’est jamais bien loin et peut tout aussi vite nous rattraper.

Sandrine Colette nous dépeint un monde stérile, sans plus aucune couleur, sans bruit et ayant perdu toute humanité. Un monde de cendre qui rappelle l’œuvre La route de Mc Carthy mais chacun à sa virtuosité de plume.

Le périple de Corentin pour retrouver la forêt est intense. Sa rare rencontre avec un chien « L’aveugle » saura apporter sa touche de tendresse.

Le récit s’étale sur une vingtaine d’année, une destinée où l’espoir semble aussi fragile que la vie.

La fin est profondément forte et poignante.

Une grande réussite ! ❤️

💬Connaissez vous ce roman ? Il vous donne envie ?

Meilleurs extraits et citations de "Et toujours les forêts" :

« Mais il ne restait rien, alors – le reste c’était les absences. Le vide d’hommes, d’animaux, de bruit, de mouvement. Disparus, les grands arbres et la route immobile, les voitures, les ronflements des moteurs. Avalés, les hommes, les voix, les rires les cris. Dans les paysages calcinés, dans la route immobile. Dans la solitude et le silence. Il y avait de quoi perdre la raison mille fois. Et cette étrange absence de couleurs. Tout était gris. Corentin levait le nez et regardait le soleil qui ne se levait plus ; c’était une demi-nuit permanente _ une aube perpétuelle. Une poussière de cendres obstruait le ciel. »

« A la fois le même, et si différent : empreint de la Grande Ville, fasciné, absorbé par elle.    Il la racontait à Augustine. Il découvrait tout, la longueur des rues, la densité de la foule, le bruit qui ne s’arrêtait jamais. II avait des amis, ils réinventaient le monde. Par sa voix, par la lueur de son regard, Augustine touchait du doigt les sciences et  les lettres, les lumières, la musique, les nuits qui n’en finissaient pas parce qu’il ne fallait pas perdre un instant de cette vie-là. Oui il y avait tout cela dans ses yeux en feu de joie, il n’y avait qu’à lire dedans, qu’à regarder dessus. »


« Mais ça ne se voyait pas que la nature crevait, dans la ville. Ça ne faisait rien au macadam, rien aux réverbères. Ça ne changeait pas le chant des étudiants, ça ne changeait pas le bruit des klaxons. Ça n’atténuait pas les rires ni les cris, […] Ça ne modifiait pas la couleur du ciel- parce que personne ne le regardait. II y avait trop de lumière devant. Des lueurs artificielles.  Qu’on éteigne, suppliait parfois Corentin en silence. Le monde comme une ampoule. »

« Les arbres avaient l’allure d’êtres fantomatiques dont les bras tentaient un dernier geste vers le ciel – mais le ciel, il n’y en avait plus, il était gris pareil au sol, les limites aussi avaient disparu. »

« À présent, il savait créer la couleur. Il la portait en lui. Malgré tout le malheur, la chose n’avait pas pu détruire ce qu’il avait à l’intérieur. Pas la foi. Pas son âme. Mais le rouge. Mais le sang. »

« Il poursuivait son voyage comme on poursuit un rêve, ou une quête – en sachant qu’ils sont impossibles, mais qu’il est impossible également de les abandonner, parce qu’ils sont la seule chose qui reste. »

« L’Holocène. Le mot lui paraissait terrifiant.  Cela commençait comme holocauste. C’était idiot et effrayant.   Lorsque trois quarts des espèces vivantes disparaissent, quelles qu’en soient les raisons – une météorite, des volcans déchaînés, un changement climatique, l’activité humaine. Même pas l’activité : la présence. Dès qu’il y avait eu des hommes, les vivants qui l’entouraient avaient commencé à s’éteindre.
Dès la préhistoire. Trop de chasse. Trop de sang.
Les hommes étaient intrinsèquement des meurtriers. Ils puaient Ia mort. Aussi stupides que les cellules cancéreuses détruisant les corps qui les abritent, jusqu’à claquer avec eux. Tuer et être tué.   Insensés. 
Corentin regardait les paysages gris et noirs. Il n’avait pas de doute. Il le disait à voix basse pour s’habituer.   Extinction.   Et la bonne phrase à inscrire sur le panonceau en haut de la vallée, ce n’était pas : Nous sommes là.   C’était : Nous y sommes. »

« D’autres fois, il regardait les Forets et il obligeait son imagination à les recolorer. C’était un dessin, se disait-il. Dans sa tête, il avait les feutres, les crayons, les gouaches. Il plaquait du vert sur les arbres, du bleu au fond des rivières, des palettes de jaune et d’orangé dans les prés mûrs. Il ajoutait le rouge des fraises des bois, le rose des digitales, il distillait des acacias blancs, il en sentait le parfum délicieux, se remémorait les beignets que préparait Augustine quand il était enfant. Pendant quelques instants, pendant quelques minutes, Il recréait les couleurs, il refaisait le monde. »

 
 

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