Je vous partage un poème sur le printemps qui semble inconnu, je l’ai trouvé dans un vieux livre sur les fleurs.
RENOUVEAU
La nature à nouveau a fleuri nos chemins
Et prodigue son rire à l’aube des matins.
La fine primevère et la douce violette,
Dans le gazon naissant montrent gaîment la tête.
Un bedonnant crocus dessous sa guimpe d’or
S’élance vers la route où l’eau séjourne encore.
Des perce-neige vifs taquinent près du fleuve
La rose de Noël qui s’ouvre en l’herbe neuve.
Les piques du muguet percent déjà le sol
Sous les branches tordues du grand pin parasol.
Dans le nouveau gazon la blanche pâquerette
Défrippe avec ardeur sa belle collerette.
Un bouton d’or hâtif nargue le champignon
Qui montre son dos rond, renfrogné et grognon.
Un troupeau d’herbes bleues assiège le buis morne
Qui borde les allées et tristement les ornes.
Une fourmi agile est parue sur un tronc
Qui marque des sous-bois les superbes frontons
Un papillon léger a bousculé la rose
Puis vint mêler ses jeux aux fleurs où il se pose.
Bouvreuil et rossignol alternent leurs chansons
Dont le moineau joyeux compose les réponses.
Le merle avec amour trille au-dessous d’un arbre
Et injurie gaiement nos déesses de marbre.
Mon âme seule est muette à l’appel du printemps…
Elle refuse à croire aux départs des autans.
En mon sein désolé une neige éternelle :
Amassa sans recours une cendre mortelle…
Quel astre radieux fera fondre ce bloc?
En ce champs ravagé, où passera le soc?
Quelle femme assez douce apportera la vie
A cette âme brisée où rien ne se survit ?…
Pourquoi tant de fureurs, tant de pleurs et de cris?
Pourquoi tant de remords au milieu de ces ris?
Pourquoi le cœur meurtri survivès-je au naufrage?
Pourquoi donc suis-je ici, sans force et sans courage ?
Mais je veux oublier, briser ce souvenir;
Je veux vivre en héros et pour y parvenir,
De l’ardeur poignante qui me portait vers elle
Je veux brûler mon luth et ses phrases mortelles !…
En ce rocher brûlant une fleur a poussé
Et tient son pompon d’or hautainement dressé.
Pourquoi une autre fleur, au rocher de mon âme,
Ne dresserait-elle pas sa douceur et son charme ?…
Pourquoi l’oubli, un soir, ne descendrait-il pas
En ce sein torturé qui aspire au trépas ?
Pourquoi de mon passé n’aurais-je que souffrance?
Pourquoi serais-je seul, ignorant l’espérance ?
Mais j’essaie d’oublier dans le calme du soir,
Et sans trêve en mon cœur un morne désespoir
De son assaut furieux reprend tout l’avantage
Et le déchire encore de sa hideuse rage.
Le mal est sans remède et le temps passera
Et les jours se suivront et l’eau s’écoulera
Sans apporter jamais, même au bord de la tombe,
L’ombre d’un court repos avec le soir qui tombe…
Henri Albert
Connaissez vous de jolies poèmes sur le printemps ?
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