Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa – Avis lecture

livre

Bonjour les bouquineurs ! Je vous présente le roman « Les délices de Tokyo » de l’écrivain Japonais Durian Sukegawa publié chez les éditions Albin Michel en 2016 et en poche chez le livre de poche en 2017 📚 Ce roman a été adapté à l’écran par la cinéaste Naomi Kawase en 2015 au Japon puis sortie en France en 2016, puis primé au Festival de Cannes. Voir Bande annonce plus bas.

Un conte poétique et mélancolique où la douceur vous enveloppe et où la saveur de chaque instant de la vie vous sera conté avec cette sagesse authentique japonaise.

🏮L’histoire :

« Écoutez la voix des haricots »: tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d’embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu’elle lui a fait partager. 

🏮Mon avis :

C’est une histoire d’âme, de cuisine, d’une amitié hors du commun…
🏮J’aime tant la délicatesse japonaise, l’importance qu’ils accordent en chaque chose,  prendre le temps, respirer chaque moment avec conscience…
🌸On la retrouve parfaitement ici. Alors, ne vous attendez pas à des scènes d’action, des enchaînements à couper le souffle dans ce roman, au contraire venez prendre le temps d’inspirer chaque mot, chaque page.

🌌Mais, dans la vie, ce n’est pas si beau, si rose comme les cerisiers en fleurs que l’on retrouve entre les pages de ce roman.

🏮Il y a des visages qui, derrière leurs masques, portent en eux tant d’histoire et de souffrance. 
L’histoire de Tokue est bouleversante, nous en prenons vraiment connaissance que dans la seconde moitié du livre qui s’assombrit alors tout à coup.  Cette vieille dame avec tant de courage et de désir de transmission, nous apporte à tous une belle leçon de vie.  Elle garde un secret qui est un sujet peu connu sur un pan de l’histoire japonaise. 

Il est question d’exclusion, de maladie, de différence, de résilience…

🌸C’est un livre accessible à tous, de par son écriture très simple mais efficace. Après tout, c’est dans la simplicité que se cache les plus belles beauté.

🏮Vous connaissez l’auteur ? Ce livre vous tente ? 

#romanjapon

Meilleurs extraits et citations de Les délices de Tokyo :

« Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu’on cherchait grâce à la voix qui nous guide. Une vie est loin d’être uniforme. Parfois sa couleur change du tout au tout. »
 
« La nuit, il suffit de tendre l’oreille au murmure des étoiles pour sentir le cours de l’éternité. »
 
« Voilà pourquoi je faisais de la pâtisserie. Je confectionne des mets dont je nourrissais ceux qui avaient accumulé les larmes. C’est ainsi que moi aussi, j’ai réussi à vivre. « 
 
« _Chez nous, c’était vraiment la campagne. On préparait des pétales de cerisier en saumure. Puis on les buvait délayés dans de l’eau chaude, c’était ce genre d’endroit.
_Ca alors, on se croirait dans un pays étranger.
_Le Japon de l’époque et le Japon d’aujourd’hui, ce sont deux pays différents.
Sentarô hocha la tête en allumant le feu sous le fait-tout.
_Tout change. Tout. »
 
« Mais de par le monde, il y a aussi des enfants dont la vie s’achève au bout d’à peine deux années. Alors, dans le chagrin, chacun s’interroge sur le sens de la naissance de cet enfant.
Maintenant, je sais. C’est sûrement pour qu’il puisse ressentir, à sa manière, le ciel, le vent et les mots. Le monde naît de la perception de cet enfant. Donc, la naissance de l’enfant aussi a bien un sens. »
 
« Parmi les pièces exposées figurait une photographie intitulée « Lecture avec la langue ».
C’était la photo d’un vieil homme ravagé par la maladie de Hansen, devenu aveugle et privé de sensibilité aux extrémités. S’il pouvait ouvrir un livre, le bout de ses doigts paralysés ne lui permettait pas de sentir les aspérités du braille. Donc, il léchait les signes avec sa langue. C’est ainsi qu’il lisait, en suivant chaque caractère du bout de la langue. »
 
« Sans le regard que j’étais, toutes les choses que je voyais disparaîtraient. C’était tout simple.
Et si ni moi ni les humains n’existions, qu’en serait-il ? Pas seulement les humains, si le monde était privé de tous les êtres doués d’émotion, qu’en serait-il ?
Ce monde quasiment infini disparaîtrait entièrement. (…)
Nous sommes nés pour regarder ce monde, pour l’écouter. C’est tout ce qu’il demande. Et donc, même si je ne pouvais pas devenir professeur, ni travailler, ma venue au monde avait un sens. « 
 
« Mais au fil des années que j’ai passées dans cet endroi, j’ai fini par comprendre quelque chose. C’est que, quoi qu’on perde, quoi qu’on subisse, nous sommes des êtres humains. Même privé de ces quatre membres, puisque cette maladie n’est pas mortelle, il faut continuer à vivre. Dans cette vaine lutte passée à se débattre au fond des ténèbres, nous nous accrochions à ce seul point : nous étions des êtres humains, et nous tentions de garder notre fierté. »
 
« J’ai eu l’impression que la lune s’adressait à moi dans un murmure.
Je voulais que tu me voies.
C’est pour cela que je brille.
Dès lors, tout m’est apparu sous un nouveau jour. Sans moi, cette pleine lune n’existait pas. Les arbres non plus. Ni le vent. Sans le regard que j’étais, toutes les choses que je voyais disparaîtraient. C’était tout simple. »
 
 

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